Retour sur la conférence donnée par le Docteur Alain Pouhet, médecin MPR et formateur en neuropsychologie infantile, dans le cadre de la 15e journée des Dys, abordant les différentes situations de troubles Dy dans le DSM-5 (classification internationale).
Les troubles du neurodéveloppement (TND)
DSM-5 : définition
Le DSM-5, c’est-à-dire le « Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux » dont la 5e et dernière édition est parue aux Etats-Unis en 2013, reste la référence internationale pour définir et classifier les troubles du neurodéveloppement (TND). Dans sa conférence, le Dr Pouhet revient sur les 6 groupes de TND définis dans ce manuel et décrit les différents troubles Dys de manière très édifiante. Voici quelques moments forts de la conférence.
Les 3 catégories de Troubles DYS
Le Dr Pouhet distingue 3 catégories de troubles Dys :
- Ceux qui se réfèrent aux troubles des apprentissages fondamentaux, englobant le déficit de la lecture, de l’expression écrite et du calcul (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, dysgraphie) ; Ceux-ci sont des « symptômes et non des diagnostics » ;
- Ceux liés aux fonctions cognitives ciblées telles la Dysphasie et la Dyspraxie. Ce sont des diagnostics de déficits cognitifs, responsables de situation de handicap ou de handicaps en cascade ;
- Les troubles Dys liés aux fonctions cognitives ayant des conséquences transversales à la fois lors des apprentissages mais aussi au cours de la vie quotidienne, tels que les troubles dysattentionnels ou dysexécutifs ou la dysmnésie. (TDA/H).
Un même trouble cognitif peut entrainer de nombreux symptômes scolaires, sans pour autant être en comorbidité. Le Dr Pouhet met en garde contre l’appellation « multidys ». « Il y a comorbidité quand il y a 2 diagnostics différents. Ce n’est pas une accumulation de symptômes ». Par exemple, un TDAH aura des conséquences sur l’ensemble des apprentissages avec une « coloration » particulière.
Et de conclure cette partie par : « Les mots en Dys correspondent à des réalités différentes avec des conséquences différentes ». Et de poursuivre : « Quand on accepte l’existence des TND, on affirme que ce qui explique le mieux les symptômes de l’enfant, c’est une atypie cognitive, une atypie développementale, même s’il y a quelque chose d’autre associé ».
Les Critères Communs à tous les Troubles spécifiques des apprentissages
Le DSM 5 décrit pour chaque type de TND des critères objectivés et mesurés communs. Le Dr Pouhet en a mis 3 en valeur.
Il s’est attardé sur celui qui est souvent oublié : le fait que les TND interfèrent gravement et durablement. C’est une réalité commune à tous les TND.
Conformément à la définition de la MDPH de la loi de 2005, du handicap, les TND impactent une « limitation d’activité cognitive entrainant une restriction de la participation à la vie en société, et à la vie de tous les jours, en raison d’une panne cognitive ou, selon Michele Mazeau, d’un dysfonctionnement génétique ».
Pour illustrer : « Si la participation d’un élève en classe est liée à la compréhension d’une consigne écrite, alors qu’il a un trouble cognitif méta-phonologique (trouble primaire), qui entraine une dyslexie phonologique (trouble secondaire), alors il est en restriction de participation. Si on lui lit la consigne, on lève la situation de handicap », l’enfant n’est alors plus en situation de « double tâche ».
Les conseils pour accompagner les troubles Dys : Rééducation et Contournement
L’évaluation de l’intensité des troubles orientera soit vers la rééducation, soit vers le contournement, soit vers les deux :
La rééducation vise à diminuer le déficit, à aider le cerveau de l’enfant à changer, sachant qu’il est génétiquement mal programmé. Le contournement, quant à lui, (lire à la place de l’élève ou utiliser un outil etc..), vise à diminuer la situation de handicap, impose des aménagements de l’environnement et de l’entourage afin de faciliter la vie scolaire des enfants.
Pour favoriser l’inclusion, l’idée est de trouver des mesures qui mettent le plus grand nombre d’enfants le moins en difficulté possible en s’adaptant d’emblée aux difficultés qui pourraient exister. En voici quelques suggestions : l’amélioration de l’extraction des informations, en favorisant la modalité de réponse la plus adaptée, (l’oral/l’écrit), en améliorant la disponibilité pour faciliter le raisonnement dans le cadre du TDA/H, en utilisant un langage moins élaboré ou en fractionnant des informations s’il y a des troubles de la mémoire.
Conclusion : Révéler les Points Forts des Personnes avec TND
Le Dr Pouhet rappelle l’importance de révéler « les points forts de la personne ayant un TND », pour l’aider à réussir sa scolarité, et son employabilité. Cette dernière idée reboucle à nouveau sur la pertinence de réaliser un accompagnement lors d’un coaching scolaire et professionnel.
Retrouvez l’intégralité de la conférence du Dr Pouhet en vidéo.
Article écrit par Stéphanie Ebokolo – O’teur coaching
Coach consultante en Accompagnement scolaire et Mobilité professionnelle Publics DYS