Aujourd’hui nous allons aborder un sujet délicat : comment aider un enfant dyslexique à faire ses devoirs.
Lorsqu’on est parents d’un enfant porteur de dyslexie et donc très souvent d’un trouble de l’attention associé, on est souvent désemparés . On se reportera pour plus de précisons sur les troubles de l’attention aux approches neurologiques comme celle de Flessas et Lugier (2001)*.
Un ensemble de paramètres à prendre en compte
Prendre du temps pour faire les devoirs ensemble doit rester un moment privilégié. Un moment qui traduit l’attention que l’on porte à son enfant, à ce qu’il fait et apprend à l’école.
Mais lorsque la dyslexie s’en mêle il y a bien des paramètres à prendre en compte :
- votre enfant vient de passer entre 6 et 8h en classe à essayer de suivre et à compenser si les méthodes et les supports ne lui sont pas adaptés.
- il est donc, très certainement, fatigué et sait qu’il va, encore, devoir fournir des efforts.
- il a, très probablement, un trouble de l’attention qui rend difficile le fait de se concentrer sur une tâche pendant une période longue.
- il a également, dans la quasi-totalité des cas, des troubles de la mémorisation.
Une fois tous ces paramètres posés, faire les devoirs est une gageure et risque de vite tourner au rodéo !
Alors voici quelques conseils qui, certes n’ont pas vocation à tout régler, mais proposent des pistes que chacun pourra adopter et adapter selon ses besoins.
Le temps et l’espace
Au retour de l’école il est important de faire une pause, une coupure. Le goûter est un bon moyen de favoriser cette transition entre l’espace de l’école et l’espace intime de la maison.
Aussi, préférez un goûter pris à table, ensemble, plutôt que prit rapidement dans la voiture. Cela permettra de partager les évènements de la journée mais aussi de faire redescendre la pression, de se « poser ».
Ce temps n’est pas un temps perdu, c’est un espace qui va permettre d’accueillir le moment des devoirs, d’accepter de prendre à nouveau du temps pour une activité liée à l’école.
Le lieu que vous choisirez est aussi important. Votre enfant ou votre ado doit s’y sentir bien et surtout ne pas y ressentir les multiples attraits d’activités propres à nuire à sa concentration, qui, rappelons-le, est fragile.
Ce peut-être sa chambre mais aussi la cuisine qui est souvent le cœur de la maison. La pièce choisie devra être une pièce dans laquelle vous aurez suffisamment de place pour interagir et, pourquoi pas, lui permettre de se lever et de marcher pour réciter un cours ou une définition. En tout cas il devra s’agir d’un endroit où vous ne serez pas dérangés.
À ce propos, il est important d’être vraiment « présent » pour votre enfant ou ado. C’est-à-dire qu’il ne s’agira pas de consulter votre portable régulièrement ou de répondre aux appels que vous pourriez recevoir. Sa concentration dépendra aussi de la vôtre !

La patience et la méthode
Une fois ces rappels et propositions posés, il faut maintenant se mettre au travail. S’il s’agit de faire des exercices vous pouvez d’abord laisser faire votre enfant au brouillon et vérifier ensuite avec lui si le résultat est satisfaisant.
Si son professeur des écoles ou ses professeurs de collège ou lycée ne s’y opposent pas, proposez-lui de travailler sur son ordinateur. Cela lui évitera la double tâche d’avoir à lire et recopier ce qu’il a fait au brouillon. D’ailleurs l’ordinateur permet d’effacer facilement ce qui n’est pas correct et laisse moins une impression d’avoir « raté ».
Cependant il est primordial de ne pas oublier que la lecture n’est pas automatisée et que votre enfant ou ado met toute son énergie à décoder les énoncés, les textes, les documents… Cela signifie qu’il ne les comprendra pas forcément et ne retiendra qu’une toute petite partie des informations.
Il sera donc essentiel que vous lui lisiez, à plusieurs reprise, ces mêmes énoncés, textes et documents pour lui permettre de se concentrer uniquement sur la compréhension et/ou la mémorisation selon ce qui sera attendu. Une seule tâche à la fois !
Si jamais vous vous rendez compte que les documents sont peu clairs ou peu adaptés, n’hésitez pas à utiliser des outils comme la souris scanner ou le scanner barrette. Ces outils permettent de modifier la police, la taille de caractère et rendre le document accessible. Si vous ne disposez pas de ces outils vous pouvez mettre en relief les mots clés ou les notions importantes en les surlignant en couleurs, en dessinant un pictogramme devant ce qui est important.
La mémorisation est un sujet épineux car bien souvent, alors que votre enfant a appris sa leçon, ses notions ou définitions, il semble avoir tout oublié le lendemain. Pas de panique !
L’utilisation des couleurs, des « trous » dans le texte s’il n’est pas justifié, sont autant de support de la mémoire et permettront de retrouver le fil de ce qui était à retenir.
On peut aussi trouver des moyens mémo-techniques simples, des associations d’idées ou des astuces qui fixeront la notion. Par exemple si votre enfant doit apprendre que la crevette est un crustacés vous pouvez lui dire que le mot « crustacé » en exagérant sa prononciation craque comme la carapace de la crevette si on croque dedans (ne riez pas ! c’est du vécu et cela a très bien marché !).
Le corps est aussi un excellent vecteur de mémoire. Si votre enfant a une mémoire kinesthésique (mémoire liée à la manipulation et aux sensations) le laisser se lever et marcher alors qu’il récite ou que vous lui lisez une leçon est une bonne solution. Il peut s’agir aussi de manipuler des objets, par exemple des pommes ou des bonbons, pour apprendre additions et soustractions.

Pour la lecture
Si l’école de votre enfant admet son trouble des apprentissages et le prend vraiment en considération alors demandez à ce que le coin lecture ou la bibliothèque de l’école se procure des livres adaptés aux dys. De plus en plus de maisons d’éditions en proposent.
Pour les classes supérieures il sera possible d’utiliser un logiciel de lecture comme ClaroRead ou Alinéa, si le livre existe en version numérique ou bien de se procurer des livres audios. Pour ma part ce type de livres rencontre un succès grandissant auprès de mes élèves.
Tout ce qui permettra de mieux appréhender le savoir et d’y prendre plaisir est une bonne idée et aidera sans aucun doute les enfants dyslexiques à faire leurs devoirs.
En espérant que ces quelques conseils vous aideront, je vous dis à très bientôt !
Lussier F. et Flessas J. : Neuropsychologie de l’enfant, troubles développementaux et de l’apprentissage, Paris, Dunod, 2001.