Agathe, enseignante en classe spécialisée au sein de l’Académie de Rennes, nous partage ses astuces pour adapter ses outils pédagogiques pour les enfants ayant des troubes dys.
Difficultés des troubles Dys à l’école
Les troubles Dys (dyslexie, dysorthographie, dyspraxie, dyscalculie, etc.) posent des difficultés à l’école dans l’apprentissage des fondamentaux, tels que :
- Difficulté à effectuer une double tâche (par exemple vous relèverez les verbes à l’imparfait puis vous direz quel est l’intérêt du choix de ce temps pour l’auteur) ;
- Difficultés à prendre en notes (lié à la double tâche d’écouter et d’écrire) ;
- Problèmes de mémorisation à moyen et long terme ;
- Difficultés de concentration (imaginez-vous ne pas comprendre ce qu’on vous dit ou mettre deux fois plus de temps que les autres pour lire) ;
- Difficultés d’organisation (comme ranger les cours dans les bons classeurs ou les cahiers).
Ces difficultés rendent la scolarité compliquée pour les porteurs et porteuses de troubles Dys si rien n’est mis en place pour les accompagner vers l’apprentissage. En tant qu’enseignant, nous pouvons exprimer des incertitudes lorsque l’on accueil un élève dys dans notre classe.
Dans cet article, je vous partage quelques pratiques que j’ai mises dans ma classe.
Outils pédagogiques pour les troubles dys faciles à mettre en place
Si vous êtes enseignant·e, comme moi, vous passez du temps à préparer vos cours en essayant de trouver ce qui permettra à chaque élève de comprendre, de retenir. Mais pour nos petits porteurs et porteuses de troubles Dys, et – je rajouterai – pour tous nos élèves en difficulté, quelles qu’elles soient, cela ne suffit souvent pas.
Il existe pourtant des adaptations faciles à mettre en place et qui ne vous prendront pas beaucoup de temps. Il ne s’agira pas de faire plusieurs versions d’un même cours mais une seule version qui, en fait, sera finalement plus agréable pour tous.
Les 8 principes à mettre en place sur vos outils pédagogiques pour vos élèves dys :
- Utiliser une police adaptée : Comic Sans MS ou Open Dyslexic Alta (en téléchargement libre), ou Arial ;
- Rédiger en double interligne ;
- Éviter d’encadrer, de souligner ou l’italique (sauf convention internationale comme les titres de romans ou autres d’ouvrage). Ils auraient un effet « myopisant » ;
- Utiliser une taille de Police minimum 12 ;
- Éviter le recto verso ;
- Privilégier des couleurs : vos élèves se souviendront que tel ou tel titre, mot, était écrit en vert ou était sur une feuille rose, tout en évitant les textes en couleurs claires (comme du jaune) qui ne sont pas visibles ;
- Avoir recours aux images et aux supports audio/vidéo ;
- Scanner et intégrer des schémas :par exemple en biologie, je vous recommande vivement de les scanner pour les intégrer à vos documents, avec une souris scanner par exemple. Vous pourrez même ensuite adapter la légende. Cela vous fera gagner un temps considérable.
Exemple de cours adapté aux élèves Dys
Un exemple de cours de français pour des élèves de troisième peut illustrer ces adaptations.
Mettre une grille de lecture pour aider l’élève dys
- les pictogrammes
On pourra, dès le début d’année, adopter un système de pictogrammes correspondant à ce qu’il faut faire (lire, écrire, chercher, etc.). Cela favorisera la mémorisation. Bien entendu, il est nécessaire de conserver les mêmes pictogrammes tout au long de l’année car les élèves vont très rapidement les mémoriser et s’en servir comme repère.
- Identification du cours et numérotation des pages
Les élèves porteurs de troubles du neurodéveloppement (troubles DYS, TDA/H ou autisme) peuvent avoir de grandes difficultés à ranger leurs cours. Aussi, on peut utiliser un en-tête dans lequel on indiquera la matière, l’année et le titre du chapitre.
La numérotation des pages est également une aide précieuse si elle est simple. Attention, le système 1/10, 2/10 est souvent mal compris par les élèves et engendre des erreurs de classement.
- Utilisation des Couleurs pour Structurer le Cours
Le système que vous choisirez sera suivi tout au long de l’année. Pour ma part, le texte est en noir, les mots ou définitions importants en rouge et les exemples en vert. Cela permet de repérer immédiatement les éléments essentiels et leur position dans la page. Ainsi, un élève, lors d’un devoir, se souviendra que telle définition se trouvait en bas à gauche et était en rouge.
Adapter la mise en page des Outils Pédagogiques
Justification du Texte
Il est déconseillé de justifier à droite car cela empêche de créer le moindre repère. L’élève ne voit plus qu’un bloc. L’absence de justification à droite va créer des « trous », des blancs, qui vont permettre également à l’élève de mémoriser.
Recto Verso
On évite le recto verso qui génère des difficultés de classement. Et puis, cela permettra à l’élève de coller les feuilles dans un cahier. technique à privilégier pour être sûr·e que les cours sont bien rangés et classés.
Pictogrammes dans vos outils pédagogiques
La communication humaine n’est pas faite que de mots écrits ou dits. Chaque jour nous sommes entourés d’images et notamment de pictogrammes. Par exemple, si vous êtes dans un aéroport ou une gare vous trouverez les toilettes sans problème grâce aux panneaux avec les silhouettes homme/femme, même si le mot « toilettes » est écrit en chinois.
Ces pictogrammes sont une aide précieuse pour les élèves porteurs de troubles Dys ou pour les élèves ayant des difficultés de compréhension de la langue. Voyons comment se servir des pictogrammes dans l’adaptation des outils pédagogiques.
On peut définir, en début d’année scolaire, une liste de pictogrammes qui sera utilisée tout au long de l’année. Cette liste permettra à chacun de savoir en un coup d’œil ce qu’il doit faire. L’idéal est de définir cette liste en commun au sein de votre équipe enseignante pour qu’il n’y ait pas trop de diversité dans les pictogrammes utilisés par chaque enseignant·e.
La création de pictogrammes comme exercice pédagogique
Pour une plus grande efficacité, et pour rendre les élèves acteurs, imaginez de leur faire dessiner leurs propres pictogrammes. Si, dans une même classe, vous avez plusieurs élèves ayant des besoins particuliers, cet exercice est valorisant et permettra également d’expliquer le handicap aux autres élèves.
Comme à chaque fois, vous remarquerez que cela aidera aussi les autres. Bien entendu le but ultime est l’autonomisation des élèves à besoins éducatifs particuliers. On veillera donc à abandonner progressivement ce genre d’adaptations au cours de l’année ou au fil de la scolarité pour que les élèves n’en aient plus l’utilité au lycée, sauf besoins très spécifiques.
Prendre plaisir à préparer ses cours
Quels que soient vos choix, l’essentiel est de prendre du plaisir à préparer vos cours ! et ne créez pas de version spécifique pour vos élèves en difficulté, donnez cette version inclusive à tous vos élèves et vous verrez que, même des élèves sans difficulté trouveront cette façon de faire plus agréable.
Article écrit par Agathe, enseignante en classe spécialisée, Académie de Rennes.