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Stylo lecteur pour dys : Retour d’Expérience d’une Enseignante chez les élèves DYS en Elémentaire

En élémentaire, les élèves rencontrant des difficultés en lecture liées à une dyslexie se voient le plus souvent attribuer par la MDPH (Maison Départementale pour les Personnes Handicapées) un programme de différenciation pédagogique mis en place avec leur enseignant.e. Ce programme comprend parfois l’aide d’un.e AESH (accompagnant.e des élèves en situation de handicap), mais très rarement l’attribution de Matériel Pédagogique Adapté (MPA), car cela implique l’utilisation d’un ordinateur en classe, un dispositif qui reste compliqué à mettre en place avant le CM2. Mais en attendant d’obtenir les aides, d’autres outils numériques comme un stylo lecteur peuvent aider l’élève en difficulté à gagner en autonomie dès le CM1. Rencontre avec une enseignante en élémentaire qui nous partage son regard sur les élèves dyslexiques en classe et ses outils numériques.

A quel moment de la scolarité la dyslexie est-elle détectée ?

A l’école élémentaire, la lecture est une composante primordiale que les enfants doivent avoir acquis en fin de cycle 2 (CE2). Car la lecture est d’abord un apprentissage, mais sera par la suite une base pour les autres apprentissages. Quand des difficultés surviennent pendant le cycle 2, des adaptations pédagogiques et des prises en charge médicales et paramédicales (orthophonie, psychomotricité, neuropsychologie, etc.) peuvent être mises en place notamment avec les enseignants du RASED (Réseau d’Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté). C’est seulement si les difficultés persistent après le CE2 malgré un dispositif complet mis en place, et après avoir laissé à l’enfant un temps suffisant d’apprentissage, qu’un diagnostic de trouble pourra être posé.

Comment cette dyslexie se manifeste-t-elle chez les élèves ?

Pour ces élèves « dyslexiques » pour qui les difficultés persistent après le CE2, la lecture est lente et coûteuse. Ils doivent en permanence déchiffrer et décoder, ce qui les empêche d’accéder au sens des mots ou des phrases alors même qu’ils disposent d’une très bonne compréhension à l’oral ! Cette difficulté liée à la lecture va impacter toutes les matières scolaires dans la réalisation d’exercices (lire les consignes) et l’apprentissage des leçons (qui sont données à l’écrit).

Une fois un diagnostic posé, il faut ensuite attendre de longs mois de démarches administratives avant d’obtenir une reconnaissance de ce handicap et se voir attribuer des outils de compensation de la part de la MDPH (différenciation pédagogique, AESH, voire MPA). Pendant tout ce temps, ces enfants sont scolarisés avec un trouble dyslexique qui ne peut pas être compensé par des outils numériques adaptés.

Comment vous aider vos élèves dyslexiques en classe ?

Ces élèves peuvent demander de l’aide à leurs camarades, me demander de l’aide pour relire les consignes. J’apporte une attention particulière à me rendre disponible, mais je ne peux être avec tout le monde en individuel en même temps. Je conçois les exercices pour que les consignes soient les plus similaires entre elles afin de faciliter la compréhension. On ne peut pas toujours faire la même chose, ainsi, lorsque l’on découvre une nouvelle notion, de nouveaux mots ou textes, ces élèves se retrouvent en difficulté. Si l’élève dispose déjà d’une reconnaissance de son handicap par la MDPH, un.e AESH a pu lui être attribué.e pour l’accompagner dans son handicap. Cette aide humaine, si elle est présente, ne l’est pas à plein temps en classe avec l’élève, il y a donc des moments où il se retrouve seul avec ses difficultés, sans pouvoir être autonome en lecture. Il devient indispensable à l’élève d’avoir du matériel adapté à son trouble pour suivre en classe.

Quel matériel pédagogique adapté (MPA) pour ces élèves dyslexiques ?

Dans la plupart des établissements scolaires, l’utilisation de Matériel Pédagogique Adapté (MPA), principalement ordinateur et logiciels adaptés, exige une notification de la part de la MDPH. Cela implique la création d’un dossier MDPH par les parents et son acceptation, et l’attribution du matériel ne se met souvent en place qu’en fin de Cycle 3 (CM2) voire à l’entrée au collège. En école élémentaire, l’utilisation de l’ordinateur est également complexe de par nos supports pédagogiques. L’élève peut ponctuellement utiliser l’ordinateur de la classe, mais cela est surtout fréquent pour les tâches d’écriture.

De plus, toute utilisation d’un ordinateur avec des logiciels adaptés nécessite une prise en main de la part de l’élève. Il doit apprendre à l’utiliser de manière optimale, ce qui nécessite des séances auprès de services paramédicaux. Cela n’intervient le plus souvent pas avant le CM2.

En classe, nous faisons de la différenciation pédagogique pour tous les élèves qui ont des besoins éducatifs particuliers et lorsqu’il y a une reconnaissance de handicap par la MDPH, les AESH peuvent être présent.e.s. Dans ce cas de figure, l’enfant dyslexique est dépendant d’une tierce personne qui n’est pas à ses côtés pendant tout le temps scolaire. L’idéal serait de pouvoir outiller autrement ces élèves en classe dans un premier temps sans avoir recours à la MDPH afin d’aider précocement et de rendre son autonomie à l’élève dans la tâche de lecture. C’est à ce stade que je recommande le stylo lecteur.

Que pensez-vous du stylo lecteur pour favoriser l’autonomie de lecture et la compréhension de l’écrit ?

Le stylo lecteur est un outil formidable que je recommande dès que le diagnostic est annoncé. C’est un petit outil, de la taille d’un surligneur, qui reconnait le texte sur lequel on va passer et va, via une synthèse vocale, « lire » ce qui est écrit. La possibilité d’équiper le stylo d’un casque permet de ne pas déranger les personnes autour. L’élève peut ainsi comprendre le texte écrit qui est produit à l’oral par le stylo et cela de manière autonome et sans créer de bruit supplémentaire avec ses écouteurs. L’élève retrouve son autonomie en lecture, cela permet d’utiliser le matériel dans un premier temps en attendant l’acceptation du dossier MDPH. Par la suite une demande ciblée sur du matériel qui a été testé peut s’envisager. Cette utilisation en autonomie peut permettre également de redéployer des AESH sur des missions qui ne peuvent être assurées par les outils numériques.

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Article par l’équipe Kardi

Sources bibliographiques : Propos recueillis par Maureen Brady, PsyEN dans le Finistère, auprès d’une enseignante en élémentaire.

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